The Musketeers


Faut-il faire confiance à des anglais quand ils s'en vont en République tchèque pour adapter à la télévision les tribulations des mousquetaires de notre enfance ? Oh purée, que oui. Alors certes, c'est exagérément moderne. Ils ne portent pas le tabard bleu roi des films de Jean Marais, ils arborent des tenues en cuir de mauvais garçons. Ils passent leur temps à enfiler leur chapeau comme s'ils étaient dans un western. Et ils abusent du mousquet et de l'arquebuse, oh ça oui. Mais en même temps, ce sont des mousquetaires, pas de quelconques gardes du Cardinal, non ?

Ça swingue donc pas mal dans ce Paris tchèque. Ils sont un peu roublards mais pas trop, quand ils se battent à l'épée, c'est en frappant là où ça fait mal, sans honneur. Ils ont bon cœur, mais ce ne sont pas des héros parfaits. Il faut voir comment Porthos (un métis, par ailleurs, quelle brillante idée) drague de la veuve à l'église pour financer sa vie de patachon. On est jamais loin du cliché originel que sont devenus les personnages, mais c'est écrit et joué avec beaucoup d'amusement. Et de réalisme (même si le mot est gros). Qui pis est, le Cardinal est joué par Peter Capaldi (In the Loop), un acteur qui a le don de se rendre détestable dès qu'il apparaît à l'écran.

Alors, certes, la Bonacieux n'est pas tout à fait celle de nos souvenirs d'enfant. Le roi de France est un peu trop couillon à mon goût (et ressemble plus à un argentin de Carcassonne qu'à un Bourbon). On ne voit jamais réellement Milady agir. Mais ça fonctionne bel et bien. Et c'est grâce aux magnifiques décors de la République tchèque, qui sont capables de vous proposer une Cour des miracles crédible tout aussi bien que des intérieurs royaux qui ont de la gueule. Il faut dire que le ou les réalisateurs de la BBC savent aussi bien montrer les belles bâtisses quand ils en ont que se débrouiller pour ne pas montrer les choses quand elles risquent de décevoir. Ainsi, de la Bastille, on ne voit que des intérieurs lugubres sans aucun plan extérieur qui aurait forcément déçu. Il y a bien de l'incrustation numérique, mais elle reste discrète, elle ne cherche pas à rendre des décors grandiloquents et ridicules, comme souvent dans les productions dites historiques.

Chaque épisode peut être repris tel quel dans un jeu de rôles (au hasard, Les Lames du Cardinal) tant ils sont calibrés pour de l'enquête aventureuse avec des bastons héroïques. Ils débutent souvent in media res et sont des modèles de scénario de cape et d'épée. Les gamins qui vont découvrir les 3 mousquetaires par le biais de cette série télévisée (de 10 épisodes pour le moment, mais la saison 2 est assurément en cours d'écriture) auront bien de la chance. Certes, ils n'entendront jamais parler de Planchet ou de Rochefort, mais tudieu, ils auront de bien belles images en tête. Et des histoires loin d'être connes, en sus.

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