Annabelle : ze mouvi

Annabelle est un nouvel opus chargé d'exploiter le petit succès qu'avait obtenu "The Conjuring". Il s'agit d'une autre adaptation des aventures de Ed et Lorraine Warren, que vous connaissez si vous avez vu The Conjuring, l'un des épisodes de Amityville ou que vous cherchiez des PNJ réels à coller dans vos parties de X-Files et l'Appel de Cthulhu. Les Warren étaient des investigateurs du paranormal qui ont étudié, façon Mulder & Scully, un certain nombre de trucs zarbs et se sont même fait un sympathique "musée des objets maudits ou hantés", que l'on aperçoit aussi dans The Conjuring.

Des investigateurs en vrai
Annabelle est donc le premier véritable film de Warrenploitation, dans le sens où Amityville et The Conjuring s'étaient lancés par eux-mêmes. Ici, on a un film qui est réalisé par une personne qui appelle probablement les films d'horreur "films de genre" et les méprise comme il se doit, à la manière d'un auteur des Cahiers du Cinéma, tout en ayant besoin d'en réaliser un pour faire de l'argent parce que ça rapporte.

Ce réalisateur, qui a portant été directeur de la photographie sur The Conjuring (mais aussi Piranha 3D), a donc foncé voir Bob. Ce qui ne fut pas sans conséquences :

Bob - C'est quoi ton projet, au juste ?
John - Ben un film d'horreur. Tu vois, mon pote il a fait un film sur un couple, là, les Warren et ça a super bien marché. Alors je me suis dit que j'allais prendre un autre dossier des deux illuminés et me faire plein de blé moi aussi.
Bob - Déjà, tu me vouvoies, on a pas élevé les vaches ensemble. Ensuite, ok, ça me semble assez naturel. Parles-moi de ce dossier.
J - Eh bien tu vois...
Bob *tousse et souffle un nuage de fumée de cigare au visage du freluquet*
J - Euuuh. Vous voyez... Je suis américain, j'ai du mal avec le tu et le vous.
Bob  *fronce les sourcils*
J - Oui, alors voilà : c'est une poupée maudite et elle tue des gens.
Bob - On a déjà vu Chucky et ses suites...
J - Ouais, mais là j'ai l'idée du siècle ! Elle tue ... en poussant les gens à se suicider.
B - Bon, mon petit, je vais prendre les choses en main. Ton idée, là, ça me plaît pas. Alors tu vas me mettre du sexe, du sang et de la trouille. Et puis un message sur la religion aussi.
J - Ah non. Je suis un bon chrétien, moi. Alors non, pas de sexe. Par contre, y'aura une Noire, elle aidera le personnage principal comme une bonne chrétienne : en lui donnant des livres sur les démons. Et puis, à la fin, elle se suicidera pour sauver la gentille femme au foyer blanche afin d'elle même racheter la couleur de sa peau.
B - C'est un peu raciste, non ?
J * n'écoute plus, parle très vite* ...et après, à la fin du film, on aurait un vrai sermon du gentil prêtre qui aide le couple marié qui fait les choses bien. Et au début, le meurtre, ce serait des vilains hippies que j'associerai à Charles Manson parce que tous les hippies sont des adorateurs du diable. Et le gentil mari et la gentille femme ils seront absolument lisses et prendront les Bonnes Décisions qu'un Bon Couple doit Bien Prendre. Et pis la poupée, elle sera genre affreuse, comme ça le public il saura qu'elle est méchante et mauvaise même si les Gentils ils s'en rendent pas compte.
B - Hm. Et au niveau image ?
J - Ben on va mettre tous les poncifs que je vais piquer dans tous les films où j'ai bossé : les tonnes de texte venues de nulle part, la scène dans la cave, les enfants qui font des trucs bizarres. C'est vraiment pas dur, ils le font tout le temps, c'est toujours pareil.
B - Hm. Moui... Et tu dis que tu as réalisé quoi, avant ?
J - Ben... Une suite de Mortal Kombat et la suite de l'Effet Papillon.
B - Mon petit... Je crois que je vais te laisser voler de tes propres ailes, hein ? Sans mes sous, cela va sans dire. Et, s'il te plaît, oublie mon numéro de téléphone.



Annabelle est un film qui reprend tous les poncifs de l'horreur sans les réussir : grève du chef éclairagiste, chat monté sur ressort, "c'est dans le script" etc. Prenez la liste du jeu Brain Soda, tout y est, tout est raté. Sans parler des acteurs lisses avec le charisme d'un pied de marmite en fonte, les dialogues vides, la réalisation anémique, l'interminable sermon à la fin du film, etc. 100 minutes de navet impressionnant. Et ce n'est pas un nanar : vous ne pourrez vous amuser en le regardant avec des potes, hélas. Pour cela, choisissez plutôt une valeur sûre comme Il Etait Une Fois Le Diable.


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